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Historique de la Forge 4
Kevin Vandooren, 2020.
Historique de la Forge
14 février 2022

En 1870, le site actuel du bâtiment est occupé par la boîte à vapeur (« 24. Steambox ») servant à courber les pièces de bois pour la construction des navires. Dans les années qui suivent, les activités du chantier naval connaissent cependant un déclin.  Dans ce contexte, il est probable que les bâtiments du secteur changent de vocation. Pour sa part, le Hangar à espars (« 23. Spars Shed ») disparaît carrément vers 1900. 

Sur les photographies, le bâtiment apparaît sur son emplacement actuel entre 1888 et 1899. Pour cette période, nous n’avons cependant pas de plan permettant d’expliciter son usage. Certains indices architecturaux laissent toutefois entrevoir une fonction d’entreposage: portes latérales à double vantaux, porte de chargement à l’étage et trappe de chargement intérieure. 

Dans son rapport d’intégrité, la firme Bergeron Gagnon estime la date de construction à la seconde partie du 19e siècle. Le Comité de sauvegarde estime également que le bâtiment a été construit après 1870. L’examen des détails architecturaux tend à confirmer cette hypothèse. Le plus important est l’utilisation d’une charpente de toit plus simple, à planchéiage horizontal. De plus, contrairement à plusieurs autres, le bâtiment est dépourvu de consoles de support (« jambes de chien »), de graffitis et d’artefacts anciens à l’intérieur. 

Par le passé, l’historien André Lepage avait émis l’hypothèse que le bâtiment aurait été déménagé sur son site actuel. La zone des « cook-rooms” est effectivement située ailleurs sur le Banc au 19e siècle. Nous n’avons cependant aucune preuve que le bâtiment était utilisé comme « cook-room » à cette époque. À l’instar de ses voisins, c’est une fonction qui s’avère beaucoup plus récente dans son histoire. 

L’étude des plans, des photographies et détails architecturaux n’a pas permis d’établir un lien clair avec un bâtiment déjà existant ailleurs sur le Banc. Il nous apparaît également peu probable que des déplacements aient été effectués sur d’aussi grandes distances. Au 19e siècle, les déplacements sont plutôt effectués dans la même zone d’activité, dans un rayon de moins de 75 mètres. Si, vers 1950, le « cook-room » adjacent au Complexe La Forge a été transporté sur une distance plus grande, c’est probablement grâce à l’aide d’équipements motorisés. 

Par sa construction, le bâtiment apparaît donc relativement récent. Nous avons ainsi tendance à penser qu’il a simplement été construit sur son site actuel dans les années 1890. À partir de ce moment, les photographies permettent de suivre précisément son évolution jusqu’à aujourd’hui. 

C’est seulement à partir du 20e siècle que le bâtiment est intégré à un ensemble de bâtiments servant de “cook-rooms”. Selon les témoignages d’anciens travailleurs, l’endroit sert alors à loger et nourrir les travailleurs. Contrairement à ses voisins, le bâtiment ne semble toutefois pas avoir été réaménagé à cette fin. Des photographies de l’intérieur démontrent l’absence de finition des murs intérieurs. De plus, le bâtiment contient divers équipements hétéroclites, ce qui laisse plutôt penser à un entrepôt. 

À partir des années 1990, le bâtiment est utilisé pour l’interprétation du métier de forgeron. En 2003, les travaux de restauration permettent également d’y aménager une imposante cheminée de forge. Depuis cette époque, les activités d’animation de la forge obtiennent beaucoup de succès auprès des visiteurs. 

Si, au 19 siècle, la forge Robin était située plus à l’est, cette fonction n’en demeure pas moins extrêmement importante dans l’histoire de la compagnie. Au plan archivistique, il existe d’ailleurs des registres distincts pour les activités de forge. Ceux-ci permettent de montrer leur importance, notamment dans la fabrication de toutes les pièces métalliques nécessaires à la construction des navires et des bâtiments.

 

Chronologie

1873 : Arrêt des activités du chantier naval Charles Robin and Company.

[entre 1888 et 1899] : Construction du bâtiment sur son site actuel.

[vers 1920-1950] : Deux cheminées sont visibles sur la toiture.

[vers 1940] : Construction d’un corridor reliant la tonnellerie et l’accueil.

[vers 1960] : Construction du corridor reliant la forge à la tonnellerie.

[vers 1970] : Recouvrement des murs avec du bardeau d’amiante et changement de couleur (vert et blanc). 

[vers 1980] : Ajout d’une petite cheminée.

1989  : Travaux de restauration.

[vers 1997] : Interprétation du métier de forgeron.

2003 : Travaux de restauration (Boudreau, Fortier et Associés).

 

Références

Bergeron Gagnon. Site historique du Banc-de-pêche-de-Paspébiac: Rapport d’intégrité. Québec, Boudreau Fortier et associés, 2003. 91 pages. 

André Lepage. Le site historique du Banc-de-Paspébiac. Sainte-Foy, Publications du Québec, 1997. 36 pages. 

Comité pour la sauvegarde des bâtiments historiques. Le dossier d’utilisation des bâtiments historiques de Paspébiac. Québec, 1980. 96 pages.

 

Document-synthèse

2021-05-31 Forge – Histoire, architecture et iconographie