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Photo: Nelson Boisvert. Site historique national de Paspébiac.
Photo: Nelson Boisvert. Site historique national de Paspébiac.
Patrimoine mondial de l’UNESCO
22 mai 2024

En plus de sa citation municipale, le Site historique a fait l’objet de trois différentes reconnaissances gouvernementales au cours de son histoire: 

  1. Lieu historique national du Canada des Bâtiments-de-Paspébiac (1973)
  2. Site patrimonial du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac (1981)
  3. Lieu historique national du Canada du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac (2001)

En 2022, il a également été désigné en tant que Merveille du patrimoine bâti du Québec par le Magazine Continuité. Fort de ces appuis, à long terme, nous souhaitons maintenant être inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. 

 

Critère IV

Par son paysage et ses onze bâtiments classés, le Site historique compte parmi les grands ensembles de bâtiments patrimoniaux relatifs à l’industrie des pêches dans l’Atlantique Nord, et ce, pour une période couvrant 251 années d’histoire. Fondée en 1765, la compagnie Robin constitue la plus grande compagnie de pêche de l’Est du Canada au milieu du 19e siècle. Ayant cessé ses activités en 2016, elle compte aussi parmi les entreprises canadiennes ayant eu la plus grande longévité, après la Compagnie de la Baie d’Hudson.

En ce sens, le Site historique pourrait être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO selon le critère numéro IV: “Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine”.

Qui plus est, cet ensemble patrimonial bénéficie d’une quantité impressionnante de documents d’archives originaux permettant de l’étudier. Selon les experts du Conseil national d’évaluation des archives, le premier registre de la correspondance de Charles Robin constitue un véritable trésor national, qui n’a « d’équivalent que les documents autographes de Pierre-Esprit Radisson pour la traite des fourrures ou de William Price pour l’exploitation forestière ».

 

Critère V

Le Site historique s’avère également représentatif de la pêche traditionnelle à la morue ainsi que de l’interaction de plusieurs cultures avec l’environnement maritime, que ce soit par les Autochtones ou encore les entrepreneurs de pêche d’origine européenne, principalement les Basques, les Français et les Jersiais (compagnies Robin et LeBoutillier Brothers). 

La présence mi’gmaw, remontant à plusieurs milliers d’années, a d’ailleurs laissé son nom au village de Paspébiac. Cette tradition millénaire se poursuit aux 20e et 21e siècles par l’industrialisation des méthodes de pêche, de transformation et de commercialisation de la morue. Ce changement a toutefois entraîné une surexploitation de la ressource, débouchant sur la mise en place d’un moratoire complet sur la pêche à la morue en 1992-1993. Pratiquée depuis des siècles, la pêche à la morue a pour ainsi dire disparu du paysage de tout l’Est du Canada. 

Aujourd’hui, le Site historique national de Paspébiac, qui compte parmi les plus grands ensembles patrimoniaux de l’industrie des pêches dans l’Atlantique Nord, est vulnérable aux changements climatiques en raison de son installation sur un banc de sable situé au niveau de la mer. Il est ainsi grandement menacé par la montée des eaux ainsi que par l’érosion côtière. 

En ce sens, il pourrait aussi être reconnu selon le critère de sélection numéro V: “Être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture (ou de cultures), ou de l’interaction humaine avec l’environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible”. 

 

Valeur universelle exceptionnelle

En raison de l’envergure industrielle de son ensemble patrimonial, le Site historique se présente finalement comme un témoin privilégié de l’importance du commerce de la morue dans l’histoire occidentale. En ce sens, plusieurs autres arguments plaident en faveur de la reconnaissance de sa valeur universelle exceptionnelle telle que définie par l’UNESCO :  l’ancienneté du commerce de la morue, développé par les Vikings dès l’an 1000, à travers l’Europe; son importance dans l’alimentation des populations de religion catholique au Moyen Âge; son expansion en Amérique avec les grandes découvertes au 15e siècle; son lien étroit avec la colonisation du Nord-est américain par les Français et Britanniques; son intégration aux grands réseaux de commerce maritime de l’océan Atlantique; son développement par la création de deux grandes entreprises de pêche, les Robin et LeBoutillier Brothers; et, finalement, par la constitution d’un réseau commercial ayant compté jusqu’à cinquante-trois établissements de pêche dans le golfe du Saint-Laurent, et ce, dans quatre provinces canadiennes.