C’est en 1767 que la compagnie Robin établit son quartier général à Paspébiac. L’entreprise devient un véritable empire au 19e siècle. Dans le golfe du Saint-Laurent, elle possède plus d’une trentaine de postes de pêche, que ce soit au Québec, au Nouveau-Brunswick ou en Nouvelle-Écosse.
À partir de Paspébiac, elle dirige un vaste réseau de collecte, de transformation et d’exportation de morue séchée vers les marchés d’Europe, des Antilles et du Brésil. Au retour, ses navires rapportent des produits qui sont revendus à d’autres marchands ou dans ses propres magasins généraux.
En 1838, avec l’arrivée de la compagnie LeBoutillier Brothers, le banc de Paspébiac devient une plaque tournante du commerce international de la morue. Comptant 80 bâtiments, c’est une ville grouillante d’activités : quais, ateliers, forges, dortoirs, entrepôts, bureaux… À l’époque, c’est même l’un des plus grands chantiers navals du pays.
Si elle fut l’une des grandes entreprises de son époque, la compagnie Robin a cependant été l’objet de vives critiques. Avec son système de crédit, elle a souvent créé l’endettement, la dépendance et la pauvreté des pêcheurs. En 1886, à la suite de la faillite de la Banque de Jersey, le banc de Paspébiac est le théâtre d’une véritable émeute. Menacés de famine, les habitants se voient contraints de piller les entrepôts de la compagnie.
En 1964, un violent incendie détruit la majorité des bâtiments du banc de Paspébiac. Dans les années qui suivent, ceux qui restent sont tout simplement laissés à l’abandon. C’est grâce à l’action d’un groupe de citoyens de Paspébiac qu’ils ont pu être sauvés, restaurés et mis en valeur. Ce patrimoine unique, témoignant de l’histoire des pêches dans le golfe du Saint-Laurent, est désormais classé par les gouvernements du Québec (1981) et du Canada (2001).
La compagnie Robin a cessé ses opérations au début du 21e siècle, soit après plus de 250 années d’existence. Après la Compagnie de la Baie d’Hudson, elle fut la seconde entreprise la plus durable de l’histoire du Canada.