Dès la fin du 15e siècle, des pêcheurs européens fréquentent les eaux du golfe du Saint-Laurent. En 1534, avec la prise de possession par Jacques Cartier, le territoire passe officiellement aux mains des Français. Dépossédés, les Mi’gmaqs voient leur mode de vie traditionnel bouleversé par les épidémies, l’introduction de produits européens et les guerres coloniales.
Acadiens, Français et Basques
C’est la guerre de la Conquête qui marque le véritable point de départ d’un peuplement européen permanent. À compter de 1755, les Acadiens sont chassés de leurs terres par les Britanniques. Certains échappent à la Déportation, fuyant ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Écosse, pour se réfugier à l’embouchure des rivières Bonaventure et Cascapédia. Quelques soldats et pêcheurs français (dont des Basques à Paspébiac) demeurent également dans la région.
Soldats et immigrants britanniques
En 1763, le traité de Paris consacre la victoire des Britanniques. Des soldats de l’armée de Wolfe, dont des mercenaires allemands, se voient octroyer des terres dans la nouvelle colonie. C’est ainsi que Hopetown est fondée par des soldats écossais.
De manière globale, le territoire s’ouvre à la colonisation en provenance des îles britanniques, principalement l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande, Jersey et Guernesey. Par exemple, à compter de 1833, le marchand écossais William Cuthbert fait venir plusieurs de ses compatriotes à New Richmond.
Les compagnies jersiaises
En 1767, la création d’un petit établissement de pêche à la morue par Charles Robin à Paspébiac marque profondément l’histoire. L’entreprise devient la plus grande compagnie de pêche de l’Est du Canada. Des nombreux Jersiais viennent ainsi s’installer dans la région, souvent pour occuper des postes d’artisans, de marins ou d’administrateurs.
Loyalistes américains
En 1783, les Etats-Unis remportent leur guerre d’indépendance envers la Grande-Bretagne. Certains citoyens, désireux de demeurer fidèles à la couronne britannique, choisissent d’émigrer au Canada. Dans la région, ils s’installent notamment à New Richmond et New Carlisle. Quelques familles d’origine afro-américaine s’installent également dans le secteur de Fauvel.
Québécois et Belges
Au 19e siècle, la population francophone augmente par l’accroissement naturel et l’arrivée de quelques familles québécoises. Fait étonnant, le village de Saint-Alphonse est fondé en 1891 par des immigrants originaires de la Belgique, menés par le prêtre catholique Henri-Joseph Mussely.
Une diversité surprenante
Plusieurs groupes d’origine européenne sont à l’origine du peuplement de la MRC de Bonaventure. Ils apportent avec eux des cultures souvent très différentes qui ont contribué à la définition des identités locales.
Aux 19e et 20e siècles, ces foyers de peuplement grandissent et finissent par occuper l’essentiel du littoral. Pour leur part, les Mi’gmaqs se voient relégués dans des réserves par le gouvernement canadien. Souvent, seule la toponymie rappelle leur présence, par des noms tels que “Paspébiac”, “Shigawake” et “Cascapédia”.
Quelques noms de familles
Mi’gmaqs: Jerome, Gideon, Condo.
Acadiens: Arsenault, Bujold, Cyr.
Afro-Américains: Amos, Woods.
Allemands: Anglehart, Glazer, Horth.
Anglais: Billingsley, Cox, Doddridge.
Basques: Delarosbil, Castilloux, Chapados.
Belges: Brinck, Mussely, Onraet.
Écossais: Campbell, Duthie, McCrae.
Français: Bourdages, Chicoine, Maldemay.
Italiens: Roussy.
Irlandais: Caissy, Cavanagh, Dea.
Jersiais: Ahier, Legros, Lemarquand.
Portuguais: Joseph.