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Les Jersiais
L'entrepreneur jersiais Charles Robin. Bibliothèque et Archives Canada.
Le fondateur de la compagnie Robin
13 mai 2021

Charles Robin est né sur l’île de Jersey. Située dans la Manche, entre la France et l’Angleterre, cette petite île est surtout connue pour son agriculture, ses banques et ses activités maritimes. Depuis Guillaume le Conquérant (1066), sa population d’origine française est rattachée politiquement à la couronne britannique. Gagnée au protestantisme, on y parle couramment trois langues: l’anglais, le français ainsi que sa variante régionale, le “jèrriais”. 

Né en 1743, Charles Robin passe son enfance dans le port de Saint-Aubin. Son père y possède un magasin général. De cet édifice, le jeune Charles aperçoit les navires, les marchandises et les marins venus des quatre coins de l’Atlantique. Deux de ses oncles sont capitaines de bateaux, tout comme son frère John qui est familier du commerce de la morue à Terre-Neuve. 

À la mort de son père, c’est son frère aîné, Philippe, qui reprends les rênes de l’entreprise familiale. Charles choisit de se tourner vers les pêcheries du golfe du Saint-Laurent. S’il s’installe d’abord à Arichat (Nouvelle-Écosse), il choisit plutôt d’établir son quartier général ici, à Paspébiac, en 1766. 

Les premières années sont difficiles, la concurrence est forte. Beaucoup d’entrepreneurs souhaitent se lancer dans le commerce de la morue. Plus encore, durant la Guerre d’indépendance aux États-Unis, Charles Robin est attaqué par des corsaires. Ses installations sont détruites et, après 1783, il doit repartir à zéro et rebâtir entièrement son entreprise. 

Malgré les obstacles, Charles Robin s’avère particulièrement tenace. C’est un travailleur acharné, rigoureux, prudent. À partir de Paspébiac, il se tient constamment informé de la situation des marchés d’exportation. Il réussit ainsi à s’adapter aux changements politiques en Europe, notamment lors de la Révolution française. 

N’ayant jamais eu d’enfants, Charles Robin lègue son entreprise à ses neveux en 1802. Sa compagnie est devenue un véritable empire commercial, reliant l’Europe et l’ensemble des Amériques. Celui qui fut l’un des hommes les plus influents de l’Est du Canada se retire dans son île natale, où il coule des jours paisibles jusqu’à son décès en 1824. 

Dans la mémoire collective, Charles Robin est fréquemment dépeint comme un exploiteur. Par son système de crédit, il endette systématiquement les pêcheurs, les rendant dépendants, les maintenant dans la pauvreté. À l’aube du 19e siècle, c’est un capitalisme sauvage qui se répand partout en Occident. En pleine révolution industrielle, la bourgeoisie s’enrichit au dépens des travailleurs. Nombreux sont ceux qui vivent dans la misère, que l’on soit ouvrier d’usine, mineur ou pêcheur. 

 

Pour en savoir plus: 

Références web sur l’histoire de la compagnie Robin