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Expositions & bâtiments 22
Le Coffre-fort. Photo: Jeannot Bourdages, Site historique national de Paspébiac.
Historique du Coffre-fort
14 février 2022

Par le passé, le coffre-fort a parfois été associé au magasin général de la compagnie Robin, notamment par l’historien André Lepage. À l’instar des auteurs du rapport d’intégrité de 2003, nous arrivons cependant à la conclusion que le coffre-fort était plutôt situé à l’intérieur de l’Office Robin. Pour valider cette hypothèse, nous avons simplement superposé le plan de 1870 sur une photographie satellite actuelle. Le résultat est disponible en annexe. 

De manière globale, il apparaît logique que le coffre-fort (et son précieux contenu!) soit localisé dans un bureau réservé aux membres de l’administration. La forme du bâtiment et la position de ses accès apparaissent plus propices à son utilisation. Sur la ferme Robin, un second coffre-fort était également situé à l’intérieur d’un bureau administratif (“Office”). 

L’Office Robin a probablement été construit vers 1845. Sur le plan réalisé cette année-là, le bâtiment apparaît en rouge, ce qui pourrait laisser penser qu’il était alors en construction. Il est à noter qu’un bâtiment assez semblable, servant également de bureau administratif, a été construit à la même époque dans le poste de pêche de Percé (1835). 

En 1870, l’Office occupe une place centrale dans l’établissement. Durant la période estivale, il sert de bureau et de résidence au gérant, agents et commis. Juste devant, un grand espace sert au séchage du poisson directement sur la grève. Un grand mât y est installé pour identifier l’établissement de la compagnie.  À l’est, se trouvent le chaffaud servant au tranchage du poisson, les vigneaux pour le séchage et les logements des employés (“cook-rooms”). À l’ouest, se trouvent les entrepôts de morue séchée, la maison des capitaines ainsi que le quai servant à l’expédition. Finalement, à l’arrière, on y trouve la forge et quelques petits ateliers. Bien sûr, le bâtiment est situé au centre afin de pouvoir surveiller étroitement les activités. 

Au 20e siècle, Simon Castilloux, un ancien travailleur, surnomme le bâtiment le “grand Office”. Il indique que c’est l’endroit où les travailleurs vont recevoir leur paye. Selon lui, sept ou huit personnes y travaillent, dont plusieurs femmes. À cette époque, ce sont toujours des Jersiais qui occupent les postes d’administrateurs: Mauger, Bouillon, Gibaut et Lescelleur. 

En 1952, la photographe Lady McKie réalise plusieurs clichés de l’édifice. Dans ses notes, elle indique que l’Office contient des livres de comptes et des factures. Il est donc possible que le coffre-fort ait pu servir à conserver, en plus de l’argent, les archives de l’entreprise. 

En 1964, c’est donc le cœur de l’établissement Robin qui est ravagé par le feu: entrepôts, forge, cook-rooms… et, bien sûr, l’élégant Office Robin. Si l’édifice est rasé, le coffre-fort en béton, aménagé à l’intérieur vers 1930, résiste aux flammes. Depuis cette époque, il subit toutefois l’assaut des éléments (vent, pluie, neige) et sa surface se détériore par manque de protection. Bien que classé, il n’a jamais fait l’objet de travaux de restauration. Dans l’avenir, pour assurer sa pérennité, il apparaît primordial d’intervenir pour le protéger et le mettre en valeur. 

 

Chronologie

1835 : Construction de l’Office Robin de Percé. 

[ca 1845] : Construction de l’Office Robin de Paspébiac. 

[Entre 1845 et 1870] : Ajout d’une annexe à l’arrière du bâtiment. 

[vers 1927] : Installation de poteaux électriques sur le Banc de Paspébiac.

[vers 1930]  : Travaux de rénovation; fondation de béton et, possiblement, coffre-fort. 

[ca 1950] : Réparation de la toiture.  

1964 : Incendie ayant détruit 18 bâtiments appartenant à la compagnie Robin. 

 

Références

André Lepage. Le site historique du Banc-de-Paspébiac. Sainte-Foy, Publications du Québec, 1997. 36 pages. 

Boudreau Fortier et associés/Bergeron Gagnon. Site historique du Banc-de-pêche-de-Paspébiac: Rapport d’intégrité. Québec, Boudreau Fortier et associés, 2003. 91 pages. 

Jean-Louis Lebreux. Patrimoine architectural : arrondissement naturel de Percé. Percé, Ville de Percé, 1997. 46 p.

“Perte de $ 1,500,00: usine de poisson brûlée”, Gaspé Peninsula – Voyageur de la Gaspésie, 21 juin 1964, p. 1. 

Fonds Entrevues avec les pêcheurs et leurs familles. Entrevue avec Simon Castilloux, cassette no. 3, 23 min 19 sec.

 

Document-synthèse

2021-04-08 Coffre-fort – Histoire, architecture et iconographie