En 1791, la Charles Robin and Company lance son propre chantier naval sur le banc de Paspébiac. Pour ce faire, elle procède à l’embauche de James Day, un maître-charpentier possédant plus de vingt ans d’expérience. À son sujet, Charles Robin écrit d’ailleurs: “nous n’en trouverons jamais de meilleur”.
Sous sa gouverne, le chantier produit un navire tous les deux ans: barques, bricks ou brigantins. Il s’agit ici de vaisseaux de grandes dimensions, appelés à relier les différents ports de l’Atlantique. Il produit également d’autres embarcations plus petites, utilisées pour la pêche côtière ou le cabotage. Au 19e siècle, il constitue ainsi l’un des plus importants chantiers navals de l’Est du Canada.
Sur le banc, tout près du quai Robin, un vaste espace est utilisé pour le sciage et la construction des navires. Tout autour se trouvent les ateliers de fabrication spécialisés (voilerie, tonnellerie, charpenterie) ainsi que des entrepôts pour le rangement du bois, des gréements (mâts, poulies, cordages, ancres) et des produits d’étanchéification (goudron, étoupe).
Au plan de la main-d’œuvre, la compagnie Robin fait venir des artisans spécialisés, le plus souvent de l’île de Jersey. Ceux-ci sont également affectés à la réparation et à la construction des bâtiments de Paspébiac. Dans certains cas, les pièces de bois sont mêmes préfabriquées sur place, pour être ensuite transportées et assemblées dans d’autres établissements de la compagnie. Ce fut le cas, par exemple, à Magpie, sur la Côte-Nord.
Pour sa part, l’actuelle Charpenterie Robin fait son apparition entre 1845 et 1866. Sur le plan de 1870, elle est désignée comme “Joiners and Mould Loft”. À notre avis, cela signifie que le rez-de-chaussé est utilisé comme atelier par les menuisiers (“joiners”). Pour sa part, le grenier (“loft”) serait plutôt utilisé pour le rangement des gabarits de fabrication des navires.
En 1884, le bâtiment est désigné comme le “Joiners and Carpenters Mould Loft”. À ce moment, le rez-de-chaussé est ainsi utilisé à la fois pour les travaux de menuiserie et de charpenterie, donc pour la fabrication des pièces de petite et de grande taille.
À compter des années 1870, les activités de construction navale déclinent. Le bâtiment est cependant toujours utilisé comme atelier de fabrication et de réparation jusqu’au milieu du 20e siècle.
En 1964, la charpenterie est miraculeusement préservée de l’incendie. Tout près, la majorité des bâtiments de la compagnie Robin disparaissent. Très bien préservée, la Charpenterie constitue l’un des rares témoins de cet important chantier naval. Elle renferme également une étonnante collection d’outils anciens, d’équipements spécialisés ainsi qu’une grande quantité de graffitis du 19e siècle.
Chronologie
[Entre 1845 et 1866] : Construction de la charpenterie.
1866 : Ajout de l’appentis.
1873 : Arrêt des activités du chantier naval Charles Robin and Company.
[vers 1950] : Recouvrement de la toiture en tôle.
1964 : Incendie ayant dévasté la majorité des bâtiments de la compagnie Robin.
[1981?] : Reconnaissance archéologique.
1988 : Une intervention archéologique permet de mettre à jour des poutres et des piliers enfouis.
1988 : Travaux de restauration (GID Design et Émile Gilbert, architecte).
2005 : Travaux de restauration (Boudreau Fortier et Associés).
2012 : Inauguration de l’exposition La vie au chantier.
Références
Yves Frenette. Les Anglo-Normands dans l’Est du Canada. Ottawa, La Société historique du Canada, 1996. 18 pages.
Textes de l’exposition La vie au chantier naval, 2012.
Transcription des entrevues avec des pêcheurs et leur famille: Lionel Castilloux, 1980, p. 2
Document-synthèse
2021-06-29 Charpenterie – Histoire, architecture et iconographie